La date butoir fixée le 12 juin 2019, pour se conformer à la réglementation antitabac au Cameroun, n’est pas respectée par les cigarettiers. Pour attirer l’attention de l’opinion sur la situation, la Coalition camerounaise contre le tabac (C3T) a regroupé le mardi 23 juillet 2019 des journalistes pour une conférence à l’hôtel Jouvence 2000, au quartier Fouda à Yaoundé.
Au cours de la rencontre, cette organisation à but non lucratif a clairement invité les médias à mettre la main à la pâte afin d’une part, d’aider à sauver les vies humaines menacées par la fumée du tabac, et d’autre part, dénoncer la lenteur administrative en matière de répression des dérives liées à la réglementation en vigueur.
Prince Mpondo, chargé de la communication de la C3T et principal conférencier du jour, a remercié la présence effective des hommes et femmes des médias avant d’expliquer concrètement le contexte et les enjeux.
Avec plusieurs millions de fumeurs actifs et passifs, le Cameroun est l’un des pays où le tabac sévit grandement. On y compte en moyenne 3.500 décès chaque année. Alertés, les pouvoirs publics ont pris la résolution de ratifier en 2006, la convention cadre de l’Oms sur la lutte antitabac.
Dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de ladite convention, des mesures importantes ont été prises, notamment, la signature de l’arrêté conjoint Minsanté-Mincommerce du 03 janvier 2018 fixant les conditions de conditionnement et d’étiquetage des produits du tabac commercialisé au Cameroun.
La réglementation désormais en vigueur stipule que les paquets de cigarettes sur le marché doivent avoir une nouvelle présentation avec des images illustrant des affections et autres maladies liées à la consommation du tabac, accompagnés de messages spécifiques, le tout couvrant 70% des faces avant et arrière de l’unité de conditionnement. Les entreprises tabacoles avaient jusqu’au 12 juin 2019 pour se conformer à la réglementation, soit environ une année et demie.
Après une enquête menée dans cinq régions du Cameroun, la C3T se rend compte que la réglementation est à peine respectée. Sur les cinq cigarettiers qui opèrent au Cameroun, deux ont commencé à se conformer à travers quelques uns de leurs produits. Deux autres opérateurs engagés dans le processus ont manifesté la volonté de se conformer dans les prochains jours. Le cinquième opérateur n’entend même pas se conformer. Au contraire, il multiplie des démarches auprès des pouvoirs publics pour demander l’annulation de la réglementation.
L’opérateur récalcitrant, dont on préfère taire le nom, a d’ailleurs attendu la date du 12 juin pour mettre sur le marché, de nouveaux produits qui illustrent bien sa volonté de faire le bras de fer avec les autorités publics : des conditionnements de 10 bâtons de cigarettes au lieu de 20 au minimum comme exigés ; des messages vantant les valeurs de ces produits, notamment les arômes pomme, fraise, chocolat, etc.
Les autorités en charge de l’assainissement du marché sont jusqu’ici restées dans un mutisme incompréhensible, qui ne reflètent pas la détermination du gouvernement à lutter contre le tabac. Raison pour laquelle la C3T appelle les médias à la rescousse.
Le porte-parole de la Coalision, Prince Mpondo, en tant que journaliste, connaît bien le monde des médias et son impact sur la société. Il appelle les journalistes à utiliser leurs supports pour booster la lutte contre le tabac au Cameroun, à diffuser des messages y afférents, à concevoir des émissions sur le sujet, à dénoncer l’absence de répression...
La C3T salue tout de même les mesures déjà prises par le gouvernement. Elle encourage également les pouvoirs publics à poursuivre sur cette lancée en adoptant d’autres mesures importantes de la convention de l’Oms, notamment celle relative à la hausse de la taxation, à l’interdiction globale de la publicité en faveur du tabac et des produits du tabac, et à la création des espaces 100% sans fumée.
La C3T appelle aussi de tous ses vœux, l’adoption d’une loi nationale antitabac qui est un important instrument juridique pour un meilleur contrôle du tabac au Cameroun.