Roxane Fian ©Speak Up Africa
Roxane Fian ©Speak Up Africa

Les défis de l’assainissement en Afrique ont fait l’objet d’un échange en visioconférence entre les journalistes du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) et  la chargée de l’assainissement  à l’ONG Speak Up Africa. L’échange qui s’est déroulé, le 06 septembre 2023 avait pour objectif de renforcer la communication autour de l’assainissement et le cadre de vie ; d’équiper les journalistes dans leur mission d’information et de sensibilisation ; d’amener les journalistes à réaliser les productions médiatiques de qualité sur l’assainissement en vue d’informer les populations des pays cibles.

Un environnement fortement pollué

Un regard rétrospectif sur les rues de Yaoundé, Douala, Garoua et toutes les autres villes du Cameroun renvoie un visage déplorable de l’insalubrité sous laquelle croupissent les populations au quotidien. La défécation à l’air libre est une réalité dans la plupart des lieux populaires tels les marchés et quartiers de nos cités. A ceci s’ajoutent les déchets industriels et autres ordures ménagères  qui jonchent les principales rues comme les rues secondaires. Les  populations doivent donc supporter ces odeurs nauséabondes et consommer ces aliments souillés sous lesquelles les mouches se déposent tout au long de la journée. Le manque d’eau potable et l’absence d’un bon  système  d’évacuation des eaux usées, des excréments et autres déchets compliquent d’avantage la situation. Les populations s’exposent alors à toutes sortes d’affections parmi lesquelles le choléra et la dysenterie, la typhoïde, l’infection par les voies intestinales et les autres maladies tropicales négligées, sans compter le paludisme qui est un véritable problème de santé publique en Afrique Subsaharienne. Ils sont nombreux ceux des pays d’Afrique qui vivent presque les mêmes réalités. La preuve, en Afrique Subsaharienne, seulement 28 % de la population ont accès à un assainissement de base, 32% pratiquent encore la défécation à l’air libre (OMS /UNICEF 2017). C’est dire qu’il existe un gap important en matière de renforcement de l’accès à un assainissement de qualité pour tous.

La campagne boues d’or

La campagne Boue d’or lancée en 2016 par Speak Up Africa vise à renforcer la sensibilisation, la priorisation et l’engagement politique à travers la mise en œuvre des politiques d’assainissement équitables et inclusives. A Travers cette campagne, Speak Up africa soutient « les pays dans la résolution de ces défis et la création d’un environnement favorable pour un assainissement géré en toute sécurité en Afrique », explique, Roxane Fian.  Il s’agit concrètement,  d’accroitre l’engagement politique en faveur de l’assainissement à travers le développement et la mise en œuvre des politiques prenant en compte le genre, l’équité, l’inclusion, des rôles et des responsabilités clairs ; de renforcer les capacités des ONG , des décideurs et du secteur privé ; de  développer et disséminer les outils de plaidoyer sur l’assainissement ; de soutenir la création d’un environnement favorable au niveau national pour un assainissement géré en toute sécurité. Malheureusement pour le moment, Speak Up Africa mène essentiellement ses actions dans  la zone Afrique francophone de l’Ouest.

Les enjeux de l’assainissement

« Plus de 779 millions de la population africaine manquent de service d’approvisionnement de base : toilettes, système de gestion des eaux usées »,  soutient Roxane Fian.  Cette  situation expose fortement les populations aux maladies hydriques ou diarrhéiques. L’un des enjeux majeurs  consiste à mettre fin à la défécation à l’air libre qui constitue un véritable problème dans les pays africains.

Il faut le dire, l’avènement de la Covid-19 a mis en évidence les différentes menaces et opportunités en matière d’assainissement et de gestion des eaux usées, « on a compris que les eaux usées peuvent faciliter la propagation de la Covid-19 dans les zones ou les communautés  sont exposées à des égouts à ciel ouvert », confie la responsable de l’assainissement de Speak Up Africa qui a  été appelé à souligner les enjeux de l’assainissement en Afrique au cours de son échange avec les journalistes membres du REMAPSEN.

 L’urbanisation rapide s’accompagne d’une pression croissante des infrastructures, « les villes doivent de ce fait, développer les systèmes d’assainissement qui sont adaptés pour faire face à la croissance démographique et à l’urbanisation. IL y a aussi les enjeux de financement qu’on peut noter, « il est nécessaire d’investir d’avantage dans les infrastructures d’assainissement en Afrique pour essayer un peu d’améliorer l’accès et la qualité des services, cela nécessite un certain nombre de financement tant au niveau national, régional et international », l’experte a tenu à le préciser avant de souligner  l’enjeu du changement climatique qui est tout aussi important. En effet, le changement climatique « peut avoir un impact sur la disponibilité  de l’eau en Afrique et affecter les systèmes d’assainissement  avec les inondations, la sécheresse qui peuvent compromettre les infrastructures d’assainissement. »

 L’urgence de la mise en ouvre  des politiques d’assainissement claires, inclusives et équitables prenant en compte les réalités nationales ainsi que les besoins spécifiques des femmes, des filles et des personnes en situation de vulnérabilité n’est plus à démontrer.  L’action de l’ONG Speak Up Africa  dans  la promotion de l’assainissement est salutaire et mérite d’être soutenue. Une action qui  permettra sans nul doute d’atteindre les ODD  de la cible 6.2.