Le rapport de l’indice d’ingérence de l’industrie du tabac a été présenté aux hommes et aux femmes des médias, le jeudi 16 novembre 2023 à Yaoundé, au cour de la conférence de presse de lancement organisée par la Coalition camerounaise contre le tabac (C3T). Le Rapport révèle une forte ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique avec un score de 81/100. Un score qui place le pays au dernier rang des 18 pays africains et à la 84eme place sur les 90 concernés par l’indice 2023 au niveau mondial. En Afrique centrale, le Cameroun reste le dernier de la classe, loin derrière le Tchad et le Gabon qui occupent respectivement le 17ème et 18ème rang au niveau mondial. Le rapport du Cameroun a été produit au mois de juin 2023 en collaboration avec l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (ACTA), le Centre africain de surveillance de l’industrie du tabac et de recherche sur les politiques (ATIM) et le Centre mondial pour la bonne gouvernance dans le contrôle du tabac (GGTC).
Le rapport qui vient d’être présenté par la C3T à Yaoundé, recense et souligne plusieurs manœuvres d’ingérences de l’industrie du tabac. « Ces manœuvres vont de la demande des rallonges de délais supplémentaires pour se conformer à la règlementation à l’autorisation de commercialisation des nouveaux produits à base de nicotine en marge des dispositions règlementaires sur le marquage sanitaire graphique, en passant par bien d’autres activités interdites par la convention », soutient Prince Mpondo, communicateur C3T.
Les résultats obtenus s’articulent autour de sept points. On note entre autre, la participation de l’industrie du tabac à l’élaboration des politiques publiques ; les activités de responsabilité sociétale des entreprises de l’industrie du tabac ; les avantages pour l’industrie du tabac ( le ministère de la Santé publique a de manière unilatérale accordé en catimini les délais injustifiés à l’industrie du tabac dans la mise en œuvre de la règlementation sur la marquage sanitaire graphique, lesquels délais ont plombé la mise en œuvre de cette importante mesure gouvernementale) ; les interactions inutiles (visite de certains membres de l’administration dans les unités de production du tabac) ; conflits d’intérêt (plusieurs opérateurs économiques dans le secteur du tabac sont membres du RDPC et participent activement à la vie du parti à travers le financement des activités. Une proximité qui créée incontournablement des facilités auprès des camarades du parti ayant des postes de responsabilité dans l’administration publique) ; mesures préventives (il n’existe aucune procédure de divulgation des informations des interactions avec l’industrie). Ces résultats démontrent clairement que « le Cameroun ne s’est pas encore approprié des dispositions de l’Article 5 de la convention qui porte pourtant sur les obligations générales des parties. C’est ce qui justifie cette forte interférence avec un score de 81/100. Ce score n’honore aucunement notre pays au niveau du classement africain et mondial des pays qui adoptent et mettent en œuvre les mesures conformes aux dispositions de la CCLAT », constate le communicateur de la C3T.