Le Cameroun célèbre les fruits du projet SWEDD : un souffle d’espoir pour les filles et les femmes du Sahel | Crédit photo : ME
Le Cameroun célèbre les fruits du projet SWEDD : un souffle d’espoir pour les filles et les femmes du Sahel | Crédit photo : ME

Le soleil brille sur l’esplanade de l’hôtel de ville de Yaoundé. Il est un peu plus de 10 heures, ce jeudi 15 mai 2025, et une effervescence palpable anime les lieux. Une foule dense, composée de membres du gouvernement, de partenaires techniques et financiers, de représentants des communautés bénéficiaires et d’invités de marque, se rassemble pour la cérémonie de présentation du bilan de la deuxième phase du Projet d’autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (SWEDD 2) et de la cession officielle des équipements aux ministères bénéficiaires : Santé publique, Jeunesse, Éducation de base, Formation professionnelle, Promotion de la femme et de la famille.

En sa qualité de président du comité de pilotage du projet, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire,  Alamine Ousmane Mey, préside cette cérémonie.

Ils sont plusieurs centaines, massés sur l’esplanade, à être venus assister à ce moment historique. Devant eux, une impressionnante rangée de matériels flambant neufs : 12 cliniques mobiles, quatre camions frigorifiques, trois ambulances, trois camions podiums et cinq chariots élévateurs. Ces équipements seront désormais mis à la disposition des ministères cités, pour renforcer leurs capacités d’action sur le terrain.

« Ce n’est pas la fin d’un projet. C’est le début d’une responsabilité partagée, » déclare le ministre Alamine Ousmane Mey. À ses côtés, plusieurs autres membres du gouvernement, ainsi que le représentant de l’UNFPA  au Cameroun , les autres partenaires techniques et financiers et le coordonnateur du projet SWEDD 2. Depuis son lancement, l’initiative a touché des dizaines de milliers de vies, principalement dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord.

L’éducation des filles d'abord

À Garoua, Maroua ou Ngaoundéré, les témoignages se succèdent. 4 430 filles vulnérables ont bénéficié de bourses scolaires pendant la pandémie du Covid-19. En 2024-2025, 17 238 filles ont vu leurs frais de scolarité et d’examens officiels pris en charge. 32 000 kits scolaires avec des sacs solaires, 2 000 kits d’alphabétisation et 1 040 vélos ont été distribués pour lutter contre l’abandon scolaire, notamment causé par les longues distances à parcourir.

Mais le SWEDD ne s’arrête pas à la simple distribution : «Il vise à former, autonomiser, protéger$», soutient  le représentant résident de l'UNFPA , Justin Koffi.

Dans 165 centres de formation professionnelle équipés par le projet, 66 000 filles apprennent aujourd’hui un métier : couture, plomberie, gestion domestique. « J’ai appris à coudre grâce à une machine offerte l’an dernier. Aujourd’hui, je gagne ma vie, » confie Nafissa, 18 ans, venue spécialement de Mora.

Des espaces sûrs pour une nouvelle dignité

Pour les plus vulnérables, 45 espaces sûrs ont été ouverts, animés par 90 mentors et neuf superviseurs, afin d’accompagner 4 500 filles et femmes victimes ou à risque de violences. Elles y trouvent une écoute bienveillante, un soutien psychologique et des opportunités de reconstruction, a expliqué le coordonnateur du projet. «Je ne savais pas qu’on pouvait se relever après une agression. Ici, j’ai appris à me reconstruire», confie une jeune femme.

Une santé reproductive renforcée

Le SWEDD a également permis de sécuriser plus d’un million d’unités de contraceptifs, de renforcer les chaînes d’approvisionnement pharmaceutique et de former 602 sages-femmes, dont 18 spécialistes en soins obstétricaux. Les cliniques mobiles et ambulances remises ce jour rapprocheront désormais les soins des zones les plus enclavées.

Vers la pérennisation et l’extension du projet

L’impact du SWEDD dépasse les dons matériels : il s’inscrit dans une vision à long terme. Le représentant résident de l’UNFPA l’a rappelé : « Il faut tirer les leçons des manquements et optimiser les acquis. » Le Cameroun s’engage d’ores et déjà à pérenniser les acquis et à participer à la nouvelle phase SWEDD+, avec une ambition affirmée : faire du dividende démographique un levier structurant du développement.

Déjà, quatre des six étapes de la budgétisation sensible au dividende démographique ont été franchies, mettant le Cameroun sur la voie des pays pionniers du projet, à l’image du Niger ou du Burkina Faso

Une ambition continentale

Depuis son lancement en 2015, le SWEDD s’est étendu à 12 pays d’Afrique subsaharienne, grâce au soutien de la Banque mondiale, de l’UNFPA, de la CEDEAO, de la CEEAC et de l’Union africaine. Il œuvre à stimuler la demande pour les services de santé reproductive, à renforcer l’offre de soins et à ancrer des politiques publiques favorables aux femmes et aux jeunes.

Ce 15 mai à Yaoundé, ce sont des visages, des parcours et des espoirs qui ont été célébrés. Des jeunes filles devenues autonomes, des sages-femmes mieux outillées, des familles transformées.

Le défi, désormais, est de préserver ces acquis et d’ouvrir d’autres chemins, dans le même esprit, avec la même détermination. Le SWEDD a tracé une voie. Au Cameroun et au-delà, il nous appartient de l'emprunter.

Le Cameroun célèbre les fruits du projet SWEDD : un souffle d’espoir pour les filles et les femmes du Sahel | Crédit photo : ME

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