Le Ministère des Arts et de la Culture envisage d’inscrire un troisième bien camerounais sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité. Après la Réserve de faune du Dja (1987) et la Transnational de la Sangha (2012), le Minac tourne son regard vers le site de Bimbia dans la région du Sud-Ouest.
C’est dans l’optique de voir plus clair dans ce projet que Bidoung Mkpatt a reçu en audience le professeur Lisa Audrey dans son cabinet ministériel le mercredi 16 juillet 2019.
Pr. Lisa Aubrey est agrégée et chercheure en histoire de la traite transatlantique sur Bimbia. Ses travaux de recherche sur le sujet, « dans le sens de la restitution d’une vérité historique », lui ont valu à travers le monde, et au Cameroun, « la reconnaissance scientifique et la distinction honorifique de Chevalier de l’Ordre de la valeur » par le président Paul Biya. Elle a œuvré pour que la documentation sur la pratique de l’esclavage à Bimbia soit vulgarisée. Elle a par ailleurs commis l’ouvrage intitulé In Search of Bimbia, Transatlantic Slavery and African Diasporan Rememory in Cameroon qui parle en substance « de l’esclavage transatlantique et de la mémoire de la diaspora africaine en Amérique ».
Bimbia est un ancien port situé dans la région du Sud-Ouest, qui a joué un rôle central durant le commerce transatlantique des esclaves dans le Golf de Guinée entre le XVIIe et le XIVe siècles. Cet important site historique, est l’un des rares sites restants, où l’on peut encore trouver d’immenses traces laissées par le commerce triangulaire sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest.
Au cours de l’audience, il a été question « d’identifier les éléments pertinents devant constituer la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) de ce bien ». Même si les travaux du Pr. Lisa Aubrey constituent déjà une contribution importante dans ce sens, le ministre a souligné que « les apports de l’archéologie et les autres sciences sont aussi déterminants à ce propos ».
Ce vaste chantier a besoin d’experts spécialisés qui vont œuvrer pour la reconnaissance national et international du site historique de Bimbia, en vue de « réconcilier les Camerounais et les afro-descendants avec leur histoire et surtout d’apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel de ce phénomène odieux qualifié de crime contre l’humanité ».
En dehors d’Aubray, le ministre a reçu deux autres personnalités dans son cabinet ce même mercredi : Fabian Muhlthaler, directeur de l’Institut Goethe ; et la Camerounaise Nchang Benis Nubia, ambassadrice du Fonds mondial du patrimoine pour l’Afrique. Toutes ces audiences étaient axées sur le rayonnement de la culture camerounaise.