Présidentielle 2025 : des partis de l’opposition appellent à l’unité autour d’un candidat unique | Crédit photo : CH
Présidentielle 2025 : des partis de l’opposition appellent à l’unité autour d’un candidat unique | Crédit photo : CH

A deux mois de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre prochain, plusieurs partis politiques de l’opposition camerounaise se sont réunis dans la ville historique de Foumban, le samedi 2 août 2025, pour sceller ce qu’ils qualifient de tournant décisif dans la lutte pour l’alternance démocratique. À l’issue de cette rencontre, une déclaration solennelle, baptisée « Déclaration de Foumban », a été rendue publique.

Signée par des formations politiques telles que le parti Univers, le FSNC, l’UDC, le PURS, le PAL, le MCNC, l'UPC et l'USDP, cette déclaration pose les jalons d’une coalition autour d’un candidat consensuel.

« Les prochaines élections ne sont pas un simple scrutin de plus, mais un moment décisif pour la survie de notre nation », peut-on lire dans le document.

Les signataires dénoncent la longévité du régime en place depuis 43 ans, qu’ils accusent de plonger le pays dans une stagnation politique, économique et démocratique. En réponse, ils proclament trois principes fondamentaux :

  • L’unité dans l’action;
  • Une nouvelle vision pour le Cameroun;
  • La mobilisation de toutes les forces citoyennes, y compris la diaspora.

Un appel à l'engagement citoyen

Conscients, selon eux, de la volonté de changement exprimée par le peuple, les leaders présents à Foumban se sont engagés à désigner un candidat unique, soutenu par un programme commun, et ont appelé les Camerounais à voter massivement pour cette candidature.

« Le peuple uni sera toujours vainqueur », conclut la déclaration.

Cette initiative marque une nouvelle tentative de l’opposition de surmonter ses divisions chroniques, dans l’espoir de créer une véritable dynamique électorale face au pouvoir en place.

Une déclaration symbolique, mais un pari risqué pour l’opposition

La Déclaration de Foumban marque une étape de plus dans la longue quête d’unité de l’opposition camerounaise. En se réunissant dans cette ville chargée d’histoire politique – symbole de l’unification du Cameroun en 1961 –, les signataires cherchent clairement à donner une portée symbolique forte à leur engagement. L’appel à un candidat consensuel unique répond à une demande de plus en plus insistante de l’électorat opposé au pouvoir en place : l’union fait la force, surtout dans un système où le morcellement des voix profite systématiquement au parti majoritaire.

Une ambition justifiée…

Le régime en place, au pouvoir depuis 1982, a jusqu’ici fait face à une opposition souvent fragmentée, affaiblie par les querelles de leadership, les calculs individuels et le manque de stratégie commune. En appelant à une candidature unique, les partis réunis à Foumban reconnaissent implicitement que seule une opposition rassemblée pourrait espérer créer un véritable rapport de force face au RDPC.

L’autre enjeu, tout aussi crucial, est celui de la remobilisation des électeurs, dans un pays où l’abstention est traditionnellement forte. En promettant un « programme commun » et un « changement de vision », les signataires essaient de donner des gages de clarté et de sérieux.

…mais un défi de taille

Toutefois, passer de la déclaration d’intention à la désignation effective d’un candidat consensuel reste un défi redoutable. Plusieurs obstacles se dressent :

  • Le choix du candidat : chaque parti a ses ambitions, ses bases régionales, ses mécaniques internes. Le compromis ne sera possible que si des sacrifices sont faits;
  • La méfiance entre leaders : l’histoire récente a montré que les tentatives de front commun échouent souvent à cause de la rivalité entre personnalités;
  • La temporalité : àun peu plus de deux mois du scrutin, le temps presse. Or, bâtir une campagne solide, autour d’un programme partagé et d’un candidat crédible, demande une organisation logistique et financière importante.

Une promesse sous condition

La Déclaration de Foumban pourrait marquer un tournant, si elle est suivie d’actes concrets, rapides et cohérents. L’unité ne peut être un simple slogan : elle doit se traduire dans les faits, sur le terrain, dans les discours et dans l’attitude des candidats potentiels.

Sans cela, le risque est grand que cette tentative se solde, comme tant d’autres, par un éclatement ou un renoncement de dernière minute – ce qui ne ferait que renforcer la résignation de l’électorat.

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