Pr. Jean Fame Ndongo, secrétaire à la communication du Comité central du RDPC et membre du Bureau politique, n’est pas resté insensible au déploiement des partis politiques de l’opposition en vue d’une réforme consensuelle du système électoral.
Le jeudi 1er avril 2021, les leaders de sept (07) formations politiques, dont Maurice Kamto, ont signé et publié un communiqué sanctionnant leur détermination à polir et élaguer les salissures qui empestent le système électoral camerounais et l’empêchent de s’arrimer à la démocratie moderne.
Informé, le patron de la communication du RDPC s’est immédiatement empressé de rédiger et de publier une réaction faisant office de mise en garde. Il indique que « les contributions émanant des partis politiques, organisations ou personnalités de la société civiles ne peuvent pas être adoptées par la rue, ou par un conclave lové dans l’évanescence nébuleuse de certaines imaginations fécondes, mais par le parlement. Tout le reste ne serait que logorrhée et fantasmagorie ».
En clair, Fame Ndongo veut simplement dire que la rue, donc le peuple, n’est pas à mesure d’imposer sa volonté comme cela a été le cas au Soudan, lors du printemps arabe en Afrique du Nord, ou très récemment, au Sénégal sur l’affaire de l’opposant Sonko. Il brandit donc le Parlement comme un épouvantail, un spectre qui se chargera de hanter les acteurs du changement, et surtout les dissuader dans une entreprise contraire « aux lois et règlements en vigueur ».
Mais l’opinion nationale n’est pas dupe. Au fil des années d’une démocratie torpillée, elle a gagné en maturité et ne se laisse plus impressionner par des discours creux. Le Parlement est contrôlé de fond en comble par le RDPC. Et l’on sait très bien que pour rien au monde, le régime en place ne laissera jamais passer une loi qui met ses intérêts à l’arrière-plan. Jean Michel Nintcheu, député SDF et président régional du SDF dans le Wouri, rappelait récemment dans « La Vérité en face » (Equinoxe TV), qu’après près de 40 ans de suprématie du RDPC, aucune proposition de loi (c’est-à-dire émanant d’un député) n’a jamais été votée ! Seuls les projets de lois (c’est-à-dire émanant de l’Exécutif et de son gouvernement) ont la voie libre au vote et à l’adoption. Dans un tel contexte, on ne peut pas rêver d’une réforme consensuelle du système électoral initiée par l’opposition et acceptée par les députés RDPC qui n’ont pas la main libre, et par conséquent qui n’agissent que suivant la consigne de vote.
Si la question de la crise anglophone, malgré la quantité de sang qui a coulé et qui continue de couler, n’a pas pu être inscrite à l’ordre du jour d’une session au Parlement, une loi sur la réforme du système électoral ferait-elle exception ? Une loi qui, de surcroît, émane de l’opposition politique ?