La Journée mondiale de la radio s'est célébrée le 13 février 2024 autour du thème «Radio et changement climatique». A Yaoundé, l'Organisation des nations unies pour la science et la culture (UNESCO) a organisé un briefing de presse autour du thème «Le rôle de la radio dans l'atteinte des objectifs de développement et l'atténuation des effets de la crise». Un thème qui a entre autres permis aux conférenciers de souligner le rôle crucial de la radio au sein des communautés.
Il en ressort que la radio est un outil exceptionnel en situation de crise. Elle utilise des fréquences pouvant traverser des villes, des pays, voire des continents, avec des récepteurs qui consomment peu d'énergie. Elle fonctionne même parfois sans électricité et atteint les endroits les plus reculés. C'est ce qui fait sa spécificité. La radio est de ce fait un puissant média qui mérite d'être célébré et protégé en ce moment où l e changement climatique impose de nouveaux défis. «L' homme de par sa nature, de par ses actions, agit sur la nature et cause de graves effets qui nous reviennent sous forme de catastrophes : inondations, éboulements de terrain ou glaciers qui s'effondrent. La mobilisation et l'invitation à une action plus urgente est importante», affirme Hugues Ndih, responsable de programmes à l'UNESCO. Face aux effets du changement climatique, la radio doit pleinement jouer son rôle de sensibilisation, d'information et d'éducation. Audrey Azoulay, directrice générale de l'UNESCO, souligne à juste titre qu'«en tant que système d'alerte précoce, la radio peut permettre de réduire les risques de catastrophe et sauver un nombre incalculable de vies».
Au cours du briefing de presse, les conférenciers ont également présenté les actes et actions posés par L'UNESCO pour que la radio communautaire devienne une réalité partout au Cameroun. Le projet d’appui aux communautés locales à travers les radios communautaires, lancé en 2013 en partenariat avec le gouvernement de la République, a été déroulé. Il prévoit l'installation de 76 radios communautaires, équipées des centres multimédias dans les 10 régions du pays. Il est question de contribuer au développement et à la pérennisation des médias locaux et partant, à la réduction de la pauvreté à travers des émissions spécifiques.
Les objectifs du projet d'appui aux communautés locales
Le projet d’appui aux communautés locale ambitionne d’établir des politiques et normes pour assurer la durabilité des radios communautaires, et promouvoir l'utilisation des énergies renouvelables pour palier aux problèmes d'électricité en zone rurales. Il est aussi question de mettre en place une centrale de maintenance pour gérer les pannes récurrentes tout en renforçant les capacités du personnel afin d'assurer la viabilité économique et pérennité technique. Le personnel des radios communautaires promeuvent des programmes citoyens avec la création des émissions axées sur les droits de l'homme, la protection de l'environnement, l'autonomisation des femmes, la culture, la lutte contre le VIH/SIDA et le paludisme, la décentralisation. Les radios communautaires au Cameroun ont joué un rôle important dans la sensibilisation des populations en zone rurale pendant la pandémie de la COVID-19.
Les défis de la radio
Dans sa présentation, Sophie Beyala va insister sur le fait que les défis de la radio ont rapidement évolué ces dernières années avec le développement technologique. Avec l'explosion des géants numériques, les stations ont perdu un bon nombre d'annonceurs. Ceci oblige la radio à rechercher de nouveaux modèles économiques. Elle a donc souligné «la nécessaire réflexion sur le financement de la radio».
La spontanéité de la presse en ligne est un challenge de taille pour la radio qui a toujours eu le mérite d'être le média de l'instant. A ceci on pourrait ajouter les réseaux sociaux et l'intelligence artificielle qui permet d'automatiser la programmation musicale et la synthèse vocale. La transition numérique s'impose donc tel un impératif. La radio traditionnelle doit de ce fait innover, s'adapter pour capter l'attention d’un public suffisamment fragmenté. A tout ceci faudrait ajouter l'existence des textes qui datent de 1990 et qui ont besoin d'une mise à jour.
La radio reste un média crucial malgré les enjeux qu'imposent le développement technologique. «Les formes des médias traditionnels sont d'autant plus importants en ces temps où l'intelligence artificielle compromet la fiabilité et la crédibilité de l'information en ligne», a déclaré la directrice générale de l'UNESCO. Pour cette dernière, la mésinformation et la désinformation restent parmi les freins les plus importants à l'action climatique «ce qui rend le travail des journalistes radio indispensable pour faire face à la crise climatique».
