Ramatou Hamadou est originaire de Rey-Bouba dans le département du Mayo Rey, région du Nord Cameroun. Elle a été approchée par la rédaction de Centrifuge Hebdo le 08 mars 2025 à Yaoundé. C'était à l'esplanade de la Commission des forêts d'Afrique centrale (COMIFAC) à l'occasion de la célébration de la quarantième Journée internationale dédiée aux droits de la femme au sein de cette organisation. Une organisation établie pour la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers. Ramatou Hamadou y était pour commercialiser le produit phare de sa coopérative.
Centrifuge Hebdo : Madame Ramatou Hamadou, vous êtes secrétaire générale de la Coopérative des femmes productrices de moringa de Rey-Bouba. Pouvez-vous nous présenter votre produit ?
Ramatou Hamadou : Je représente ici la Coopérative des femmes productrices de moringa de Rey-Bouba. Notre principal produit, c'est le thé de moringa, un thé bio qui respecte toutes les normes qualités depuis la culture jusqu'au conditionnement. Ces feuilles de moringa que vous voyez ici sont préalablement séchées à l'ombre avant d'être transformées en poudre. Elles sont particulièrement bonne pour la santé.
Pouvez-vous citer quelques-unes de ses vertus ?
Elles sont idéales pour la santé des diabétiques car elles baissent le taux de sucre. Elles sont également le meilleur allié des personnes qui souffrent de l'hypertension artérielle ; excellentes pour les calculs rénaux... ça peut aider dans les traitements de plusieurs autres affections, on parle d'environ 99 maladies.
Pouvez-vous nous raconter votre histoire ? Comment avez-vous fait pour commencer à mener des activités génératrices de revenus ?
Avant, j'étais dans une petite association de mon village avec quelques femmes. On se réunissait chaque samedi pour faire des tontines et lorsqu'il y avait des membres qui accouchaient ou étaient malades on faisait des mains levées pour les aider. Un jour la GIZ est arrivée avec l'idée géniale de coopérative. Elle nous a suggéré de transformer l'association en coopérative. Aussitôt dit, aussitôt fait. A partir de ce moment, nous avons bénéficié d'une formation pour pouvoir transformer notre moringa que nous produisons nous-mêmes.
Est-ce que cette activité génère assez de bénéfices ?
Effectivement. C’est pour cela que je remercie la GIZ du fonds du cœur. Mes sœurs de la coopération et moi-même, sommes désormais autonomes financièrement. On a fait fuir la pauvreté. Avant, nous étions très pauvres, c'est fini maintenant. On se bat. Grâce à la commercialisation de notre thé de moringa, on gagne beaucoup d'argent. Nous finançons les études de nos enfants, nous soutenons nos époux financièrement. Moi particulièrement, j'ai un fils qui est en master et c'est la commercialisation de ce thé qui a permis à mon mari et moi de le pousser jusqu'à ce niveau d'étude.
Concrètement, comment ça se passe dans votre foyer ? Vous partagez-vous les charges ?
C'est exactement ça, nous nous partageons les charges. On se partage toutes les charges. Nous payons ensemble les factures d'électricité, la scolarité, la ration alimentaire et les soins des enfants quand ils sont malades. Disons que tout se passe dans la bonne entente entre mon époux et moi.
Comment vous sentez-vous aujourd'hui que vous êtes autonome financièrement ?
Je me sens super bien. Mon autonomie financière m'a redonné ma dignité. Je suis une femme mais je peux participer à l'épanouissement de ma petite famille. Ce qui n'était pas le cas avant. J'étais très faible, je sortais difficilement de la maison. Nous, les femmes musulmanes, c'est comme ça, nous sommes presque toujours à la maison. Maintenant, je me débrouille aussi, je gagne de l'argent que je ramène à la maison. Mon époux en est fier lui aussi. Lui qui ne me respectait pas toujours, me respecte vraiment aujourd'hui. Je peux aussi lui donner des conseils et il m'écoute. Franchement, avant je ne pouvais même pas oser ; il me voyait simplement comme une charge. La GIZ a totalement transformé ma vie.