Sécurité routière : le CJARC mise sur la canne blanche pour éduquer les conducteurs | Crédit photo : ME
Sécurité routière : le CJARC mise sur la canne blanche pour éduquer les conducteurs | Crédit photo : ME

Sensibiliser, éduquer, responsabiliser : c’est le triptyque mis en avant par le Centre des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (CJARC) à l’occasion de la 45ᵉ édition de la Journée internationale de la canne blanche, célébrée le 15 octobre 2025.

Le message central : faire comprendre aux usagers de la route que la canne blanche n’est pas un simple accessoire, mais un symbole légal et vital de sécurité pour les personnes déficientes visuelles.

Cette année, le CJARC a choisi d’orienter sa campagne vers les auto-écoles et syndicats de transporteurs.

Selon son directeur général, Dr Coco Bertin, il s’agit de « renforcer les capacités des structures de formation et des acteurs de la route pour qu’ils intègrent le langage de la canne blanche dans leurs programmes ».

L’objectif est clair : que les conducteurs, dès leur apprentissage, soient instruits sur les gestes et signaux utilisés par les personnes non-voyantes pour communiquer leurs intentions et leurs besoins sur la chaussée.

Un plaidoyer est actuellement en préparation pour soumettre au gouvernement une reconnaissance officielle de ce langage, déjà pratiqué dans plusieurs pays.

Un outil citoyen avant tout

Placée sous le thème « Canne blanche, outil d’inclusion et de participation citoyenne en période électorale », cette édition s’est tenue dans un contexte marqué par la mobilisation citoyenne et les discussions autour de la participation des personnes handicapées à la vie publique.

Pour Dr Coco Bertin, la canne blanche doit désormais être perçue comme « un instrument de liberté et d’appartenance à la société », et non plus seulement comme une aide à la marche.

Le centre a profité de la cérémonie pour remettre 200 cannes blanches à des bénéficiaires venus de différentes régions, en présence des représentants du ministère des Affaires sociales et de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés.

Des gestes qui sauvent

Lors des démonstrations pratiques, Amahata Adibita Martin Luther, cofondateur du CJARC, a rappelé que les malvoyants disposent d’un véritable langage corporel codifié : « Quand la canne est levée vers le ciel, c’est un signal de détresse. Quand les pieds forment un V et que l’index est levé, cela signifie que la personne cherche un taxi », a-t-il précisé.

Ces gestes, encore méconnus, sont pourtant essentiels à la sécurité des personnes déficientes visuelles. « Beaucoup d’usagers ignorent leur existence. C’est à nous de multiplier les sensibilisations pour que la société apprenne à lire ces signaux », a-t-il ajouté.

« J’ai échappé de peu à un accident »

Un témoignage venu du terrain a rappelé l’urgence de cette éducation collective.

Arnaud Djuiki, malvoyant, raconte : « Un véhicule m’a cédé le passage pendant que je traversais, mais d’autres voitures derrière ont doublé sans comprendre. J’ai eu juste le temps de me retirer. C’est de justesse que j’ai évité un accident. »

Pour lui, le message est simple : « La canne blanche est juridiquement reconnue. Le Cameroun a ratifié la Convention de l’ONU sur les droits des personnes handicapées, mais il faut aller plus loin en imposant des règles de respect et de prudence. »

En clôturant la cérémonie, le CJARC a réaffirmé sa volonté de faire de la canne blanche un repère de civisme routier et d’inclusion sociale.

L’organisation invite les autorités à associer davantage les associations de personnes handicapées à la définition des politiques publiques de mobilité et d’accessibilité.

« La canne blanche est un langage universel. Encore faut-il que tous les citoyens apprennent à le comprendre », a conclu Dr Coco Bertin.

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