Un sentiment qui se dégage de l’opinion suite aux lourdes peines infligées par le tribunal militaire de Yaoundé à l’encontre des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).
Le 27 décembre 2021, le tribunal militaire de Yaoundé a lourdement condamné les principaux collaborateurs de Maurice Kamto. Alain Fogué et Olivier Bibou Nissack, respectivement trésorier national et porte-parole du président, écopent de sept ans de prison ferme. Durant cette même période de décembre, plusieurs autres militants vont subir des sorts similaires. Même si l’on note que quelques uns ont miraculeusement été libérés, la grande majorité des prisonniers politiques du régime Biya s’en sortent avec au moins deux ans de peine privative de liberté.
Ces militants du MRC ont été arrêtés en septembre 2020 dans le cadre des manifestations pacifiques lancées par le parti pour exiger au moins trois choses : l’arrêt de la guerre dans la zone anglophone, la révision consensuelle du système électoral et la lumière sur le détournement des centaines de milliards de la CAN 2019.
Le président Maurice Kamto, déclarant son ras-le-bol en novembre 2021, avait exigé que ses militants soient libérés sans délai pour qu’ils puissent passer les fêtes de fin d’année en famille. Dans sa sortie, le leader, en séjour dans la capitale économique, avait lancé à ses partisans que fuir la bagarre ne signifie pas qu’on en a peur. Une déclaration qui aurait retenti aux oreilles du régime en place comme un défi à relever. Cet appel à libérer ses militants a valu au principal opposant de Biya d’être bloqué dans son hôtel, puis expulsé manu militari de Douala, sans avoir procédé comme prévu à la dédicace des ses ouvrages. Sous forte escorte policière, il sera conduit hors de la ville jusqu’au niveau du pont sur la Dibamba.
Le verdict du tribunal militaire a soulevé une vague d’indignation sur le plan national et international. Human Right Watch, comme à l’accoutumée, appelle le gouvernement à libérer les militants du MRC.
Le député SDF, Jean Michel Nintcheu, parle de « cruauté judiciaire, cynisme inadmissible, monstruosité inacceptable » et ajoute : « En tant que député de la nation, je condamne fermement ces verdicts arbitraires et absurdes qui ne sont qu’une illustration supplémentaire de la répression généralisée à l’encontre de toute les voix dissidentes et pacifiques au Cameroun. » Il demande au régime Biya, face à des condamnations « sur la base de motifs relevant des régimes totalitaires », de « procéder à leur libération immédiate et inconditionnelle ».
Pour le citoyen Hilaire Kamga, « il est évident que toutes ces mesures de rétrécissement de l’espace civique visent uniquement à plomber l’alternance politique ». Il exige que le président de la République, Paul Biya, prenne toutes les dispositions nécessaires pour faire libérer tous les « otages du régime de Yaoundé », y compris les militants de Stand Up For Cameroon, Ayuk Tabe et autres…
Le Réseau des défenseurs des droits de l’Homme en Afrique (Redhac) entend saisir les Nations Unies pour que la question de la confiscation des libertés au Cameroun soit mise sur la table de discussion.
La vague d’indignation ne cesse de croître, jour après jour. Pour Léopold Dassi Ndidjou, dans un éditorial publié par le Quatrième pouvoir, « cette condamnation en cascade est un trou d’air à une escalade certaine de tension politique à la veille de la CAN ». Et justement, Hon. Jean Michel Nintcheu prévoit d’organiser une marche pacifique le 08 janvier 2021, à 24h du coup d’envoi du tournoi.
Du côté du MRC, un communiqué du porte-parole du MRC, Emmanuel Ateba, annonce un retrait du parti des débats médiatiques. « Nous nous retirons de tous les débats médiatiques. Radios, journaux, télévisions. Aucun représentant du MRC sur aucun média », peut-on lire dans ledit communiqué, rendu public au soir de la condamnation d’Alain Fogué et Olivier Bibou Nissack. Ce silence médiatique laisse croire qu’une rude réplique de Maurice Kamto et de son parti se prépare. La bagarre a-t-elle déjà commencé ? Les discours de fin d'année de Kamto et Biya, très attendus, nous en diront long.