Maurice Kamto, président du MRC : « Ayah Paul Abine est une victime directe de la guerre civile dans les régions anglophones »
Maurice Kamto, président du MRC : « Ayah Paul Abine est une victime directe de la guerre civile dans les régions anglophones »

Ayah Paul Abine, « homme politique et combattant de la liberté », est décédé à Buéa le 25 décembre 2024. La mort à 74 ans de cet ancien haut magistrat à la Cour suprême et ancien député à l’Assemblée nationale du Cameroun ne laisse pas indifférent l’opinion. Pour le président du MRC, Maurice Kamto, « Ayah Paul Abine est une victime directe de la guerre civile inutile que le pouvoir s'est offerte dans les régions anglophones de notre pays depuis huit ans ».

Né en 1950 à Ngali dans la région du Sud-Ouest, près de la frontière avec le Nigeria, Ayah Paul Abine commence sa carrière politique à l’ANC (Assemblée nationale camerounaise), continue dans le RDPC (Rassemblement démocratique pour le peuple camerounais), avant de rejoindre plus tard le parti d’opposition dénommé PAP (People’s Action Party).

Le départ du parti au pouvoir de ce juriste, diplômé de l’ENAM (École nationale d’administration et de magistrature) en 1976, n’est pas du tout du goût des membres d’une formation qui souhaite conserver dans ses rangs toutes les personnalités en vue dans le pays, et surtout s’éterniser au pouvoir.

Le regard que ses camarades de parti porte sur lui commence à noircir en 2006 lorsque Ayah Paul Abine exige une enquête approfondie sur les allégations de corruption visant Augustin Frédéric Kodock, alors ministre de l’Agriculture.

Le magistrat revient à la charge en 2008, pour critiquer sévèrement les modifications apportées de la Constitution, notamment les articles qui brisent la limitation du nombre de mandats de l’exécutif et qui permettent ainsi à Paul Biya de continuer paisiblement son chemin à la tête de l’Etat du Cameroun.

Un an avant la fin de son mandat de député, Ayah Paul Abine démissionne du RDPC pour se présenter comme candidat à la présidentielle de 2011. En homme politique déterminé, il brandit le fédéralisme comme seul système politique pouvant ramener la paix au Cameroun, se basant notamment sur la crise anglophone qui naît en 2016 et qui avance dangereusement vers une escalade armée rude.

En janvier 2017, il sera arrêté et jugé par le tribunal militaire entre autres pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Après près de huit mois de prison, il est libéré grâce à un décret présidentiel.

Affaibli par les mois de prison, Ayah Paul Abine ne pourra plus rattraper son combat politique là où il l’aurait souhaité. Privé de ressources financières dont il avait droit, tourné en ridicule par une branche de l’élite anglophone, l’ex-magistrat va sombrer dans une descente aux enfers qui atteint son apogée le 25 décembre 2024. Pour Maurice Kamto, « son combat doit être poursuivi ».   

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