Candidature de Biya à la présidentielle 2025 : le ministre de l’Enseignement supérieur appelle au débat un auditoire muselé  | Photo d'archives
Candidature de Biya à la présidentielle 2025 : le ministre de l’Enseignement supérieur appelle au débat un auditoire muselé | Photo d'archives

Pr Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur et secrétaire à la communication du RDPC (Rassemblement démocratique du peule camerounais), lance un appel à débat sur la légitimité de la candidature de Paul Biya à la présidentielle de 2025. Un appel qui tombe mal dans la mesure où les autorités camerounaises continuent de briller par leur capacité à museler les principaux adversaires politiques, les médias, la société civile et les acteurs engagés dans la défense des droits humains.

La prochaine élection présidentielle au Cameroun aura bel et bien lieu en 2025, sauf si elle est renvoyée à plus tard  sur « Hautes instructions » comme il est de coutume au pays de Roger Milla. Les reports, les Camerounais en sont tellement habitués qu’ils n’émeuvent plus personne. En revanche, ce qui pourrait déchaîner les passions, c’est incontestablement la candidature du président sortant Paul Biya. Cela se sait parfaitement, surtout dans les arcanes de la haute sphère politique, où tous les intellectuels du pays, ou presque, se sont jetés, qui pour assouvir ses intérêts personnels, qui pour étaler ses talents de griots.

Dans le classement le plus récent des universités dans le monde, l’Université de Yaoundé 1, première au Cameroun, occupe le 65e rang en Afrique et la 3130e position à l’échelle mondiale. Dans un pays où une nouvelle génération de jeunes intellectuels monte en force mais se retrouve projetée dans le vide, Pr Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur, ne semble pas encore avoir trouvé la bonne formule pour embellir l’aura de l’éducation. Ce qui n’est peut-être pas le cas sur le champ politique où il déploie son talent d’esthète de la langue française, avec une dextérité qui n’échappe à personne. En tant que membre du bureau politique du RDPC, secrétaire à la communication du Comité centrale, personne ne saurait aucunement lui enlever ce droit.

Dans sa récente sortie, le ministre est donc revenu sur la candidature de son champion, le candidat sortant Paul Biya. Pourquoi maintenant et pas après ? Difficile à dire. On pourrait soupçonner une envie de dernière minute de collecter les réactions des Camerounais afin de réajuster le traditionnel discours du 31 décembre que tout le monde attend. Mais là n’est pas la question qui préoccupe.

Né le 13 février 1933 à Mvomékaa dans la région du Sud, Paul Biya aura 92 ans en 2025, totalisant 43 ans de règne. Sa candidature est-elle réaliste ? Le professeur tranche net : « Le RDPC réfute le pari putatif et choisit le droit positif ». Trois arguments pour défendre cette thèse : d’abord, l’article 6 (2) de la Constitution qui stipule que « Le président de la République est élu pour un mandat de sept ans. Il est rééligible » ; ensuite les textes du parti où « Le président national du RDPC est le candidat du parti à l’élection présidentielle » ; et enfin, la base militante et sympathisante, où, selon ses dires, « Toutes les sections (intérieures et extérieures) du RDPC ont renouvelé solennellement et sans équivoque ni conditionnalité leur appel en faveur de la candidature de Paul Biya ».        

« Ne nous battons pas, débattons »

Pr Jacques Fame Ndongo appelle à débattre sur le sujet, « faits contre faits, arguments contre arguments, vision politique contre vision politique ». « Le RDPC est prêt », insiste-t-il, en s’appuyant sur une citation de son champion : « Ne nous battons pas, débattons ».

Le débat est certes ouvert, mais avec qui débattre ? L’auditoire est pratiquement muselé. La liberté d’expression est restée l’ombre d’elle-même. Comment débattre dans un environnement où les partis politiques, en particulier le MRC, principal adversaire du RDPC tient à peine ses activités, traqué par les autorités administratives et frappé d’interdictions d’organiser quoi que ce soit ? les médias sont muselés, censurés ; les journalistes sont intimidés, agressés, violentés, suspendus d’activités professionnelles, exécutés. Les associations et autres ONG de défense de droits humains sont mises sous scellés et les responsables sont persécutés.

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