L’audience de proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 s’est bel et bien tenue le lundi 27 octobre 2025 à Yaoundé. Le vainqueur est connu, Paul Biya, candidat du RDPC. Les chiffres rendus publics par Clément Atangana, président du Conseil constitutionnel, donne une majorité, bien que moins écrasante qu’en 2018, au président sortant :
- Paul Biya; RDPC : 53,66 % ;
- Issa Tchiroma Bakary, FSNC : 35,19 % ;
- Cabral Libii, PCRN : 3,41 % ;
- Bello Bouba Maïgari, UNDP : 2,45 % ;
- Patricia Tomaïno Ndam Njoya, UDC : 1,66 % ;
- Joshua Osih, SDF : 0,90 % ;
- Espoir Matomba, PURS : 0,85 % ;
- Pierre Kwemo, UMS : 0,73 % ;
- Akere Muna, UNIVERS : 0,40 % ;
- Ateki Caxton, PAL : 0,36 % ;
- Bouhga Hagbe, MCNC : 0,27 % ;
- Hiram Iyodi, FDC : 0,12% ;
«Une victoire ensanglantée»
A 92 ans dont 43 à la magistrature suprême, le président sortant Paul Biya a réussi à s’agripper à un huitième mandat. Une «victoire ensanglantée» selon une bonne partie de l’opinion, qui arrive dans un contexte marqué par des accusations de tripatouillages massifs des statistiques, des manifestations dans plusieurs villes, une forte confrontation entre populations et FMO/FDS (Forces de maintien de l’ordre / Forces de défense et de sécurité), des tirs à balles réelles, des morts et blessés, des arrestations arbitraires...
Le communiqué du Collectif des avocats d’Issa Tchiroma Bakary publié avant la proclamation des résultats parle de sept morts. Un nombre à revoir à la hausse depuis l’officialisation des tendances qui circulaient déjà dans les réseaux sociaux et autres médias.
Vérité des urnes
Dans ses discours de campagne, Issa Tchiroma Bakary promettait que seuls les résultats issus des urnes seraient pris en compte, et qu’il était prêt à défendre la vérité desdites urnes jusqu’au bout, même au prix du sacrifice suprême. Après ce qu’il qualifie de «forfaiture» d’un système qui multiplie sans cesse les manœuvres pour s’éterniser au pouvoir, ses mots sont sans hésitation : «Tuez-moi si vous voulez, mais je libérerai ce pays par tous les moyens».
David contre Goliath ?
En comparaison aux statistiques de l’Union pour le changement (UPC2025), une inversion se serait interposée entre les bureaux de vote et le CC, mettant Biya en tête, et ravalant Tchiroma en seconde position. Mais comment le prouver, dans la mesure où, selon la loi, ce sont les PV d’ELECAM qui font foi en cas de contestation. D’ailleurs, selon cette même loi, les décisions du CC ne sont susceptibles d’aucun recours.
Pour les militants et sympathisants du RDPC, la page de la présidentielle du 12 octobre 2025 est tournée et il est grand temps de fixer le regard sur les futures échéances : régionale, municipale, législative... puis la prochaine présidentielle prévue en 2032. Mais pour l’opposition, c’est maintenant que commence le plus dur en vue du changement.
Au-delà des mots, que peut véritablement Tchiroma face à un système bien organisé qui «utilise les moyens d’État pour défendre ses intérêts» ? Un «David contre Goliath» en perspective ? Les jours et mois à venir révéleront si les stratégies en gestation dans le camp Tchiroma pourront prospérer et porter des fruits.





