Les données de l’enquête sur le tabagisme chez les adultes (GATS), réalisée au Cameroun en 2013 montre que, plus d’un million de Camerounais sont des usagers actuels du tabac et de ses produits. Ce chiffre absolu représente relativement près de 9% de la population camerounaise. A coté ce ceci, l’enquête sur le tabagisme chez les jeunes réalisée en 2014, montre qu’un peu plus 10% des jeunes âgés de 13-15 ans sont des usagers actuels de tabac. En chiffre absolu, c’est près 20 000 jeunes qui sont des usagers courants du tabac et de ses produits. En plus du tabac, les jeunes fument de plus en plus la shisha et la cigarette électronique qui sont autant de méthodes dangereuses pour leur santé.
Des chiffres qui donnent des frayeurs
Les enquêtes de l'Oms de 2013 renseignent aussi que le tabagisme passif est très préoccupant avec près de 7 millions de camerounais exposés involontairement à la fumée du tabac dans les lieux publics et qui malheureusement, sont au même titre que les fumeurs actifs, victimes des méfaits du tabac.
Selon les l’Oms, l’usage du tabac et des produits du tabac constituerait la cause d’environ 3 500 décès chaque année au Cameroun, tant le tabac est responsable de 3% de décès toute cause confondue dans la région africaine. Le Tabac est aussi un facteur majeur de risque pour les maladies non transmissibles (Cancer, Diabète, HTA, Maladies cardiovasculaires…) qui représentent 35% des décès annuels au Cameroun. Il faut inverser « ces chiffres effroyables », insiste le communicateur du C3T qui s’insurge par ailleurs contre le non respect de la réglementation sur le marquage sanitaire graphique par certains industriels. Il était face à la presse ce mercredi 27 novembre 2019 à Douala. Pour mener à bien le combat, la coalition appelle de tous ses vœux, la mise en œuvre des dispositions de la Convention cadre de L’OMS pour la lutte antitabac, ratifiée par le Cameroun.
Une évolution assez timide
Le marquage sanitaire graphique est effectif au Cameroun depuis le 12 juin 2019. Les paquets de cigarettes sur le marché ont une nouvelle présentation avec des images illustrant des affections ou maladies liées au tabac et des messages spécifiques, le tout couvrant 70% des faces avant et arrière des paquets de cigarettes comme l'exige la réglementation. Malheureusement, jusqu'ici, seuls les produits de marque de cigarettes Malboro, RoThmans, B£H, LB, ASpen, BM, Business Club ont le marquage sanitaire graphique. Les produits des autres marques présentent encore les anciens conditionnements avec le marquage sanitaire textuel, des indications sur les arômes, les conditionnements de moins de 20 bâtons de cigarettes, en violation de la réglementation. Une situation fortement déplorée par les acteurs de la lutte antitabac qui appellent les industriels à se conformer. La C3T rappelle que « le texte du 03 Janvier 2018 est d'application obligatoire et s'impose à tous les acteurs de la chaine à savoir les producteurs/fabricants, les importateurs, les distributeurs, les grossistes et les détaillants qui doivent s'assurer chacun en ce qui le concerne, de la conformité à la réglementation des produits mis en vente. »
Une sensibilisation accrue s’impose
L'un des problèmes observé actuellement sur le terrain est donc la cohabitation entre les nouveaux conditionnements des marques déjà conformes et les autres marques n'ayant pas encore respecté les dispositions du texte en vigueur. Dans un tel contexte, le rôle des médias est assez important pour faire changer la donne. « C'est sans doute la raison pour laquelle le ministre de la Santé publique, lors de son discours du 26 juin dernier à Yaoundé, a invité les organes de presse à organiser des émissions de grande écoute autour de cet important texte » ajoute le communicateur du C3T. Les membres de la coalition comptent sur les hommes de media, acteurs majeurs de la lutte antitabac. Ils doivent sensibiliser les distributeurs sur les obligations et sanctions auxquelles ils s’exposent; édifier les populations sur l’importance du marquage sanitaire graphique ; interpeller les décideurs sur leur rôle. Vivement qu’une loi antitabac soit adoptée au Cameroun.