Le Cameroun a célébré du 1er au 7 août 2025, la 33e édition de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel (SMAM) sous le thème évocateur : « Prioriser l’allaitement : tisser des réseaux de soutien solides. »
Dans une déclaration officielle, le ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie, a souligné les progrès réalisés dans le pays grâce aux efforts conjugués du gouvernement, des communautés et des partenaires au développement. Les chiffres issus des Enquêtes démographiques et de santé (EDS) sont révélateurs : la mise au sein dans l’heure suivant la naissance est passée de 11,9 % en 1991 à 48,4 % en 2018, tandis que l’allaitement exclusif est passé de 28 % en 2011 à 40 % en 2018. Une avancée encourageante, bien qu’encore en deçà de la cible de 50 % fixée par l’OMS à l’horizon 2035.
L’importance du soutien collectif
« L’allaitement ne doit pas reposer uniquement sur les épaules des mères. Il exige un soutien collectif, multidimensionnel, cohérent et durable », a rappelé le ministre, insistant sur la nécessité de créer un environnement bienveillant à la maison, au travail, dans les établissements de santé, et dans la société en général.
L’objectif est de renforcer les réseaux d’appui autour des mères en intégrant les employeurs, les communautés, les professionnels de santé et les décideurs dans une dynamique globale de soutien. Un accent particulier est mis cette année sur la conjugaison du travail productif et du travail reproductif des femmes.
L’UNICEF soutient la mobilisation
Présente lors du lancement officiel de la semaine, Nadine Perrault, représentante de l’UNICEF au Cameroun, a salué l'engagement du pays en faveur de la protection de l’enfance par l’allaitement maternel : « L’allaitement est l’un des investissements les plus puissants pour la survie et le développement des enfants. Il sauve des vies et réduit les coûts pour les familles, les systèmes de santé et l’environnement. »
Dans un contexte mondial où des millions de nouveau-nés sont privés des bienfaits de la mise au sein précoce pour des raisons évitables, la représentante a également insisté sur l’importance de former le personnel de santé, de soutenir les femmes en milieu professionnel et de mettre en œuvre des politiques publiques favorables à l’allaitement.
Des messages clés sont adressés aux différentes parties prenantes
Aux employeurs, il est demandé de créer des espaces « babyroom » et de respecter les droits liés au congé de maternité/paternité et aux heures de tétée.
Aux communautés, un appel est lancé pour soutenir affectivement les mères allaitantes.
Au personnel de santé, il est rappelé de pratiquer le contact peau à peau, de sensibiliser lors des consultations et d’accompagner activement les mères dans leurs pratiques d’allaitement.
Au Gouvernement, l’accent est mis sur la nécessité de prolonger le congé de maternité à 18 semaines et de veiller à la stricte application du décret de 2005 encadrant la commercialisation des substituts du lait maternel.
Un enjeu de santé publique, de droit et d’économie
Au-delà de la santé, l’allaitement est aussi une question de droit et d’efficacité économique. Il réduit la mortalité infantile, prévient certaines maladies chez l’enfant comme chez la mère (notamment les cancers du sein et des ovaires), et engendre des économies significatives pour les familles et le système de santé. L’UNICEF rappelle que promouvoir l’allaitement, c’est aussi agir pour l’environnement, en réduisant les déchets et les émissions de CO₂ générés par l’alimentation artificielle.
Un appel à l’action collective
Le Dr Manaouda Malachie invite l’ensemble de la société camerounaise à faire de l’allaitement une priorité nationale de santé publique, un droit soutenu et un choix respecté. Il réitère l’appel à tisser des réseaux de soutien solides autour des mères et des nourrissons, pour garantir à chaque enfant un départ optimal dans dans la vie.