Le Réseau camerounais des Jeunes et adolescents vivant ou affectés par le VIH (RECAJPLUS) lance une campagne de sensibilisation pour combler les vides juridiques qui entravent l'accès des jeunes et adolescents aux soins de santé au Cameroun. En partenariat avec l'ONUSIDA et avec l'appui d'Expertise France, cette initiative vise à faire évoluer le cadre légal afin de mieux protéger cette population vulnérable.
Un cadre juridique lacunaire, source d'obstacles
Le droit camerounais, en l'état actuel, présente plusieurs lacunes qui complexifient l'accès aux soins pour les jeunes. La définition juridique de l'adolescent est inexistante, ce qui crée une ambiguïté dans l'application des lois et des protocoles de soins. De même, la majorité sanitaire n'est pas clairement définie, laissant un flou sur l'âge à partir duquel un jeune peut consulter un professionnel de santé et prendre des décisions concernant son corps sans le consentement de ses parents.
Ces vides juridiques, ajoutés aux obstacles socioculturels, économiques et institutionnels, se traduisent par une réalité préoccupante. Les jeunes, particulièrement exposés aux relations sexuelles à risque et aux maladies sexuellement transmissibles, se retrouvent souvent démunis face à la méconnaissance de leurs droits et à la peur de la stigmatisation.
Une approche globale pour des solutions durables
Pour le RECAJPLUS, il est urgent d'agir. L'organisation, en collaboration avec le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l'environnement (REMAPSEN Cameroun), mène un plaidoyer auprès des décideurs pour l'adoption d'une loi nationale sur la santé sexuelle et reproductive. Cette loi devrait notamment inclure :
- La définition de l'adolescent et la reconnaissance de la majorité sanitaire;
- L'internalisation du Protocole de Maputo pour intégrer les clauses relatives à l'avortement médicalisé dans le droit national;
- L'officialisation du statut de l'agent de santé communautaire, pour une meilleure reconnaissance et valorisation de leur travail essentiel sur le terrain.
La jeunesse camerounaise face à ses responsabilités
Lors d'un café médias qui se déroulait le mercredi 20 août dernier au siège de l'ONUSIDA à Yaoundé, Laure Lontsi, du RECAJPLUS, a souligné l'importance de ces réformes. « Nous sommes des jeunes et en tant que jeunes, nous sommes vulnérables. C'est nous qui sommes exposés aux relations sexuelles à risque, aux relations transgénérationnelles et aux drogues », a-t-elle expliqué. « Il est important d'adopter une majorité sanitaire, car cela va responsabiliser la jeunesse camerounaise en lui offrant les outils pour rester en bonne santé. »
En soutenant ce plaidoyer, les médias s'engagent à éclairer l'opinion publique et à sensibiliser les décideurs sur l'urgence de la situation. L'objectif est de faire de la jeunesse camerounaise un véritable acteur de son développement, capable de relever les défis de demain.