Manif anti-Biya à Genève

L'activiste Arlette Framboise Doumbe Ding s'exprime sur la manifestation anti-Biya organisée à Genève par la BAS (Brigade anti-sardinards) le samedi 17 juillet 2021.

 

Si l'interdiction, supposée, de la manifestation de Genève à été perçue par certains comme une victoire, ils doivent souffrir maintenant de voir que cette manif a bel et bien eu lieu et que leur victoire imaginaire à été transformée en défaite réelle.

Cela peut être considéré comme une véritable déculottée pour les ennemis de la liberté, tapis à Yaoundé, qui ont fait des pieds et des mains pour obtenir l'interdiction de cette manifestation.

Dans son rêve, Yaoundé à vu l'interdiction de la manif de Genève.

C'est que dans les dictatures comme le Cameroun, le mot "manifestation" est presque toujours accompagné du mot "interdite".

Sauf que Genève n'est pas Yaoundé. Ici on respecte le droit à la différence. Ici, contrairement au Cameroun on respecte la liberté.

Paul Biya est à Genève. Mais pas comme les autres chefs d'État. Car à la différence de ceux-là, il est caché et ne peut pas montrer son visage. Il sait que les Camerounais sont très en colère face à sa gestion chaotique du pays.

Paul Biya ne peut pas faire un bain de foule comme les autres présidents. Il sait que les Camerounais en colère vont lui montrer les images du massacre de Ngarbuh. Ils vont lui demander la libération des prisonniers politiques victimes de l'arbitraire. Ils vont lui demander la libération des prisonniers politiques, la fin de la guerre du NOSO, un système électoral démocratique etc.

Il est donc caché dans son hôtel et il a sans doute raison. Car ne fait pas le bain de foule en terre étrangère qui veut. Mais qui peut.

Mais de sa cachette à l'hôtel Intercontinental ou il est supposé se trouver, Paul Biya peut ouvrir sa fenêtre pour voir de l'autre côté de la rue comment la police gère les manifestations publiques dans une démocratie. Les manifestants ne sont pas considérés comme des ennemis de la nation qu'on se donne le droit de torturer, d'arrêter arbitrairement au prétexte farfelu de trouble à l'ordre public.

Dans les démocraties, la police n'est pas un régiment de barbares envoyés pour couler le sang. La police ne combat pas les manifestants. Elle les encadre pour prévenir les débordements. La police dans les pays démocratiques sait que les manifestations publiques sont un mode d'expression normale qui fait partie des droits du citoyen. C'est pourquoi aucun manifestant Camerounais n'ira en prison en Suisse, ni ne passera devant le tribunal militaire comme cela aurait été le cas si ces manifestations se tenaient au Cameroun.

Oui Paul Biya peut apprendre de son séjour Genevois.

Il peut apprendre comment fonctionne une démocratie à la différence de la dictature qu'est le Cameroun...

Il peut apprendre de ce qui se passe à Genève aujourd'hui. Il peut apprendre que les citoyens qui veulent exprimer leur désaccord de la gestion du pays ont le droit de le faire dans une manifestation publique sans être diabolisé. Il peut apprendre que des citoyens qui manifestent publiquement leur mécontentement ne sont pas une armée étrangère à combattre. Mais que ceux-ci demeurent des citoyens à traiter avec respect et considération en dépit des divergences d'opinions politiques.

Paul Biya peut aussi et surtout apprendre que la démocratie n'est pas envisageable sans le respect des libertés publiques. Et que les dizaines de prisonniers détenus arbitrairement dans son pays pour avoir manifesté comme aujourd'hui à Genève n'ont rien à faire en prison. En effet, si leur détention a le moindre mérite, c'est celui de montrer que le Cameroun est bel et bien une dictature et que la manif de Genève est amplement justifiée.

On ne fait pas la démocratie avec la répression systématique des libertés. Cela sonne faux.

Libérez tous les prisonniers politiques Monsieur le président. Leur détention arbitraire ternit l'image du Cameroun plus que toute autre chose.

Arlette Framboise Doumbe Ding

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