Biotechnologie et tradition : la révolution à Ngompém, Cameroun | Crédit photo : Freepik
Biotechnologie et tradition : la révolution à Ngompém, Cameroun | Crédit photo : Freepik

Dans le département de la Sanaga-Maritime (commune de Pouma), région du Littoral au Cameroun, le village de Ngompém se distingue par une initiative inédite mêlant tradition et science. Sous l’égide de leur chef traditionnel, Wilfried Yinda, les habitants du village viennent de signer un accord de partenariat avec une firme internationale, dans le cadre d’un projet de valorisation des ressources génétiques locales. 

Quand la tradition prend part aux chaînes de valeur

L’accord vise à « séquencer l’ADN de l’activité microbienne de l’écosystème local » afin de développer des applications commerciales durables dans l’industrie des sciences de la vie. 

Ce partenariat s’inscrit dans le cadre de la législation camerounaise sur les ressources génétiques, et du Protocole de Nagoya, instrument international visant à garantir une exploitation équitable des ressources biologiques. « On a longtemps été soumis à la bio-piraterie… on ne savait pas dans quel cadre intervenaient certains acteurs », a déclaré Wilfried Yinda, soulignant le besoin d’un cadre clair et protecteur pour la communauté. 

Un mécanisme de partage innovant

L’accord prévoit un système de « Partage des Avantages (APA) » à la fois monétaires et non monétaires. 

Les avantages non monétaires incluent des projets sociaux tels que l’accès à l’eau, à l’électricité ou à un logement décent, pour la communauté locale. 

Les avantages monétaires consistent en un partage des revenus mondiaux issus de l’exploitation de l’information génétique microbienne. « L’enjeu est donc de monétiser les ressources génétiques qui doivent être partagées équitablement entre la société partenaire et les communautés productrices », a résumé Wilfried Yinda. 

Un modèle pour le Cameroun

Cette alliance place Ngompém « comme un laboratoire africain où la science reconnaît enfin la voix de la tradition en tant que gardienne légitime de la biodiversité ». 

Avec l’appui du ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable, le modèle pourrait devenir une référence nationale en matière d’APA, garantissant que « les richesses génétiques du pays profitent d’abord à ceux qui les protègent ». 

À une époque où la biodiversité africaine devient l’objet d’attentions et d’enjeux croissants, l’initiative de Ngompém fait figure de pionnière. Elle montre qu’il est possible de combiner respect des traditions et innovation scientifique, tout en ouvrant la voie à une valorisation équitable des ressources naturelles locales.

Pour aller plus loin : Comment ce modèle sera-t-il étendu à d’autres chefferies ? Quelles garanties réelles pour la communauté locale face à la firme internationale ? Le suivi, la transparence et l’appropriation locale seront les clés de son succès.

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