Après les coups politiques orchestrés notamment par le ministère de l’Administration territoriale et ceux de ses démembrements à l’instar de la préfecture du département du Wouri, voilà la justice militaire qui entre en jeu. Me Alice Nkom, avocate au barreau du Cameroun et PCA du REDHAC (Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale) est convoquée à la gendarmerie... le 14 janvier 2025, jour de la célébration de son 80e anniversaire. Curieuse coïncidence ! « Quelles suites, si ce ne sont le tribunal militaire et la condamnation ? », s’inquiète un observateur.
Que reproche-t-on à cette mémé du droit qui a décidé de défier un système déterminé à conserver ses privilèges ? Une plainte déposée au tribunal militaire le mois dernier par un certain Lilian Maurice Koulou Engoulou, président de L’ODS (Observatoire du développement sociétal) accuse l’avocate de « tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat, financement du terrorisme, financement de bandes armées ». Le même personnage qui, au lendemain de la présidentielle de 2018, avait par un mécanisme similaire favorisé l’interpellation et la condamnation de Maurice Kamto du MRC à près de huit mois de prison. Celle qui s’apprêtait à honorer « l’invitation décalée » de Sylvac Marie Mvogo, préfet du département du Wouri, se voit ainsi sollicitée sous d’autres cieux.
Défiance
Coup de théâtre dans le feuilleton, la dirigeante du REDHAC a décidé de ne pas se présenter à la gendarmerie ! « Pourquoi le tribunal militaire ? Je ne suis pas militaire ! », se défend-elle dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, estimant qu’il s’agit d’une histoire bien huilée, commanditée par le régime en place.
Dans une dizaine de jours, de nouveaux rebondissements sont attendus. Comment réagiront la gendarmerie et l’administration face à cet affront inattendu ? Maurice Kamto annonce avoir mobilisé le Collectif Me Sylvain SOUOP pour prendre part à sa défense. « Le régime doit comprendre qu'un front judiciaire de ses victimes est désormais constitué et se battra sans ménagement pour faire du Cameroun un État de droit, qui respecte les lois de la République ainsi que ses engagements internationaux librement consentis », laisse-t-il entendre. Seulement, ce dispositif sera-t-il suffisant pour désamorcer tout ce rouleau compresseur que constitue le système Biya ?