De gauche à droite : Dr Serge Alain Godong, fondateur et directeur général de 7News TV (modérateur) ; Jean Blaise Gwet, président du MPCC ; Christophe Tchuise, conseilleur spécial du président du MPCC ; 20 mai 2025, Yaoundé | Crédit photo : GBW
De gauche à droite : Dr Serge Alain Godong, fondateur et directeur général de 7News TV (modérateur) ; Jean Blaise Gwet, président du MPCC ; Christophe Tchuise, conseilleur spécial du président du MPCC ; 20 mai 2025, Yaoundé | Crédit photo : GBW

Le président du MPCC (Mouvement patriotique pour le changement du Cameroun), Jean Blaise Gwet, veut diriger le Cameroun, non par ambition personnelle comme il le dit lui-même, mais «par devoir envers cette jeunesse assoiffée d’espérance, cette diaspora dynamique, ces femmes et ces hommes qui travaillent sans relâche pour un avenir meilleur». A cet effet, il déclare sans hésiter : «Je me considère déjà comme le troisième président de la République du Cameroun». Cette annonce constitue en fait la substance d’un message délivré le mardi 20 mai 2025 à l’occasion de la célébration de la fête nationale du Cameroun, face à un parterre de journalistes invités dans les locaux de la télévision 7News, à une encablure du stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé.

D’habitude, pour une telle matinée (20 mai), la plupart des Camerounais attendent le défilé, soit en présentiel au lieu prévu dans leur localité, soit à travers les ondes radio ou la télé. Sur les invitations délivrées aux médias, le message du président du MPCC est prévu à 10h ! Ce qui ne laisse pas indifférents les journalistes. Interrogé sur cette curiosité, Jean Blaise Gwet répond avec un calme impressionnant, rappelant à tous qu’il n’y aura rien de nouveau sous le soleil, comme pour signifier que les fêtes de l’Unité se suivent et se ressemblent depuis une quarantaine d’années, et qu’on ne perd rien du tout en meublant son temps autrement ce jour.

Tout aussi impressionnant, l’angle de la simplicité par laquelle il tient les cornes de la présidentielle prévue en octobre 2025. Selon lui, Cabral Libii est encore jeune ; il a du temps pour gagner en expérience, «savoir parler aux lamidos» et se mettre effectivement sous la peau d’un chef d’Etat. Maurice Kamto aurait pu faire l’affaire, mais sans élu obtenu à travers les urnes, le MRC semble d’office exclu, malgré la rage déployée sur le mandat impératif nul comme arme salvatrice. En dehors de ces deux candidats, Jean Blaise Gwet ne voit presque plus personne d’autre à même de tenir les rênes de la magistrature suprême après Biya, ce dernier étant considéré comme trop âgé pour être de la course en 2025. Par conséquent, «la voie est libre», c’est le moment rêvé pour répondre à l’appel du destin !

Le Cameroun, un «continent» dur à croquer !

Pour reprendre une tournure humoristique ayant pignon sur rue sur le «continent» Cameroun, «si on t’explique le Cameroun et tu comprends, c’est que tu n’as rien compris». Une formule qui traduit la complexité d’un pays victime de son histoire tourmentée et de ses réalités alambiquées. Le Cameroun est un morceau dur à croquer, et l’après Biya laisse augurer des signaux aussi sombres qu’indéchiffrables. Continent ? Oui, le Cameroun l’est, une Afrique en miniature en raison de sa diversité climatologique, minière, géographique, humaine, linguistique et culturelle. Autant d’aspects qui viennent complexifier la chose et surélever la demande en matière de gouvernance pour les candidats d’octobre 2025.  

Sous la bannière d’un parti politique qui ne compte que trois conseillers municipaux et surtout sans base électorale étendue à l’échelle nationale, Jean Blaise Gwet a-t-il suffisamment d’atouts pour survoler cette montagne d’épines à laquelle il veut s’attaquer ? On ne saura le dire avec une précision mathématique. Son message est jonché de convictions, de croyances et de rêves : «Je crois fermement à l’unité nationale» ; «Je rêve d’un Cameroun réconcilié avec son histoire» ; «Je rêve d’un État fort» ; «Je rêve d’un peuple réconcilié avec lui-même», etc. C’est le côté spirituel qui est mis en avant, avec une foi solide et une certitude absolue dans la présence et la puissance de Dieu.

Au-delà du spirituel, Jean Blaise Gwet présente dans son programme politique un ensemble de 20 engagements qu’il prend s’il est élu au terme de la présidentielle d’octobre 2025. On y retrouve l’engagement à préserver la paix et la cohésion sociale, un point qui permettra de dérouler un statut spécial aux anciens chefs d’Etats et premières dames, ainsi qu’aux anciens grands commis de l’Etat. En clair, personne ne sera plus inquiété par son passé, y compris les détourneurs de deniers publics. Le principe étant de savoir pardonner et tourner la page quand bien même certains ont profité des failles du système, étant entendu que le Cameroun ne sera plus jamais comme avant.

Si la majorité des Camerounais adhèrent à ces principes, il y a de fortes chances que le MPCC en sorte victorieux, permettant à Jean Blaise Gwet de devenir effectivement le troisième président de la République du Cameroun. L’électeur seul détient la dernière clé du pouvoir. Mais attention, la concurrence n’a pas encore dit son dernier mot ; ni Elecam dans son fonctionnement opaque qui, pour beaucoup, semble rouler pour le RDPC ; ni Kamto et le MRC qui sont prêts à tout pour faire prévaloir la nullité du mandat impératif ; ni Cabral Libii qui ne rêve plus que d’un fédéralisme communautaire ; ni Joshua Osih qui caresse le rêve d’aller au-delà de l’exploit du SDF en 1992... 2025 est-elle effectivement l’année charnière tant attendue ?

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