Le Cameroun a enregistré ces dernières années des avancées majeures dans la sensibilisation, la prévention et la prise en charge des personnes atteintes de drépanocytose dans plusieurs régions du Cameroun. Toutes ces réalisations ont été possible grâce au projet Drep'Acci1. Un projet financé par la fondation Pierre Fabre. Il a permis de dépister 26 359 nouveau-nés dont 200 suspects de syndromes drépanocytaires majeurs ; de prendre en charge 364 patients drépanocytaires ; de former 1341 personnels sur la santé des patients atteints de la drépanocytose ; de sensibiliser 34 738 personnes en faveur de l a lutte contre la drépanocytose et d'assurer un accompagnement psychosocial pour toutes les personnes dépistées positives. C'est ce qui ressort de la cérémonie organisée le 26 février 2025 par le GEDREPACAM (Groupe d'étude de la drépanocytose du Cameroun) à Yaoundé. Une cérémonie qui avait deux points essentiels inscrits à l'ordre du jour : présentation du plan stratégique national de lutte contre la drépanocytose et clôture du projet Drep’Acci1 (drépanocytose en Afrique Centrale et en Côte d'Ivoire).
Foudjo Kelly est mère de trois enfants. Les deux premiers sont en bonne santé mais le troisième n'a pas eu la même chance. Il est né drépanocytaire. C'est le 18 avril 2024 qu'elle a accouché de son dernier bébé au centre d'animation social et sanitaire de Nkoldongo. «Le lendemain de mon accouchement, mon bébé a été diagnostiqué drépanocytaire. L'enfant a immédiatement été pris en charge dans le cadre du projet Drep'Acci1. L'annonce de cette nouvelle n'a pas du tout été facile pour moi. Malgré la prise en charge, je pleurais sans cesse. J'étais traumatisée au point où je refusais même de l'allaiter. Je me demandais à quoi ça sert de prendre soin d'un enfant qui finira par partir dès les premières années de vie.» Aujourd'hui le bébé de Kelly est âgé de 10 mois et se porte très bien. «Mon bébé n'a jamais fait de crise. Je vous jure il va très bien et n'est pas du tout différent des autres enfants qui ne soufflent pas de cette pathologie. Il prend bien ses médicaments et j'arrive même à oublier qu'il est drépanocytaire. Les examens sont gratuits, les médicaments aussi. Je suis convaincue que si la prise en charge continue ainsi, il grandira normalement.» C'est avec le sourire aux lèvres que Kelly fait cette déclaration. Kelly n'est pas seule dans cette situation. Elles sont nombreuses, les personnes qui ont retrouvé du sourire grâce à ce projet qui vient de s'achever. Des milliers de familles ont bénéficié des campagnes éducatives et d'un meilleur accès aux soins.
Le plan stratégique national de lutte contre la drépanocytose
La collaboration entre le ministre de la Santé publique et la fondation Pierre Fabre via le GEDREPACAM, avec la contribution des associations de lutte contre la tuberculose, a conduit à l'élaboration du plan stratégique national de lutte contre la drépanocytose au Cameroun pour la période 2025- 2030. Sa mise en œuvre permettra de réduire significativement les gaps observés dans la prise en charge des patients. A cet effet, les efforts de lutte doivent s'articuler autour d'une prise en charge holistique, multisectorielle, qui intègre les campagnes de sensibilisation, des programmes de dépistage néonatales et l'amélioration de l'accès au traitement et aux soins de support «parce que ces patients ont besoin d'éducation thérapique et de soutien psychologique», a expliqué Dr Florence Zeh Mekanou, inspecteur général N°3 au ministère de la Santé publique.
La drépanocytose, maladie génétique la plus répandue en Afrique, constitue une urgence de santé publique. Au Cameroun, avant la mise en œuvre du plan Drep'Acci1, le manque de sensibilisation, de diagnostic précoce et de soins adaptés compliquaient la lutte contre cette maladie. Reste que ce document de référence qui vient d’être validé, vienne effectivement consolider les efforts nationaux et régionaux dans la lutte contre la drépanocytose, en renforçant la coordination des acteurs impliqués et en valorisant les acquis du projet Drep'Acci1. C'est donc une nouvelle ère qui s'ouvre dans la lutte contre la drépanocytose au Cameroun.