A l’occasion du vingtième anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), la Coalition camerounaise contre le tabac (C3T) appelle le Cameroun à définir ses priorités en matière de lutte contre le tabac, inscrire les actions déjà menées dans la durabilité, adopter la loi nationale sur le contrôle du tabac et stopper l’ingérence de l’industrie du tabac. C'est la quintessence d'un communiqué de presse publié le 28 février 2025 par cette organisation de la société civile, engagée depuis plusieurs années dans la lutte antitabac au Cameroun.
Quelques avancées de la lutte antitabac au Cameroun
La C3T se réjouit de l’adoption de quelques mesures visant à réduire la consommation du tabac. Il s’agit entre autres de :
- l’existence d’un mécanisme de coordination multisectorielle antitabac ;
- l’augmentation progressive des taxes sur les produits tabac avec pour objectif d’atteindre le taux de 75% prévu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ;
- l’apposition des avertissements sanitaires graphiques à hauteur de 70% sur les faces principales des emballages des produits du tabac ;
- l’adoption de la loi de 2006 sur la publicité ;
- la création de 19 centres de soins et de prévention enaddictologie ;
- la ratification du Protocole pour éliminer le commerce illicite sur les produits du tabac ;
- l'adoption par quelques administrations des mesures portant interdiction de fumer dans leurs services centraux et déconcentrés.
La C3T note que les mesures jusqu'ici adoptées constituent une petite avancée, mais demeurent cependant très insuffisantes pour inscrire la politique nationale de contrôle de tabac dans une stratégie de développement durable.
«Le pays aurait pu avancer significativement dans la mise en œuvre de la CCLAT si les principales mesures de prévention et de contrôle du tabagisme étaient adoptées et complètement mises en œuvre», explique Prince Mpondo, chargé de la communication à la C3T.
Les dispositions de la CCLAT devraient déjà être traduites dans une loi nationale qui n'a toujours pas vu le jour 20 ans après la ratification de la Convention-cadre de l'OMS. Le Cameroun accuse ainsi un grand retard «qui peut être corrigé par l'adoption et la mise en œuvre des mesures nécessaires».
Les suggestions de la C3T pour faire avancer le combat de manière plus efficace
- La relecture et l’adoption de la Loi nationale sur le contrôle du tabac ;
- La définition et l’adoption d’une stratégie, d’un plan national et des programmes multisectoriels de lutte antitabac ;
- La finalisation du processus de ratification du Protocole pour éliminer le commerce Illicite des produits du tabac à travers la transmission des instruments de ratification au siège des Nations unies pour la prise en compte du Cameroun dans la liste des pays ayant ratifié cet important instrument ;
- Le respect des dispositions de la réglementation nationale sur le marquagesanitaire graphique des emballages des produits du tabac ;
- La protection du processus d’élaboration, d’adoption et de mise en œuvre des politiques publiques de contrôle de tabac contre les intérêts commerciaux et égoïstes de l’Industrie du tabac ;
- L’augmentation effective des taxes sur les produits du tabac ;
- L’organisation des campagnes nationales de sensibilisation de masse de prévention, d’éducation, et de formations des acteurs sur diverses thématiques liées au contrôle du tabac ;
- L’adoption du décret d’application de la loi de 2006 sur la publicité portantinterdiction totale de toute forme de publicité directe et indirecte en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage ;
- L’amélioration du plateau technique des centres de soins et de prévention enaddictologie ;
- L’adoption d’une réglementation interdisant la vente du tabac et des produits dutabac par et aux mineurs ;
- La définition et la mise en œuvre d’un programme de reconversion des tabaculteurs ;
- Les parlementaires, les médias, les acteurs de la société civile et les partenaires au développement sont eux aussi interpellés pour jouer efficacement leurs rôles respectifs afin d'accompagner le pays dans l'atteinte des objectifs fixés et des engagements pris à travers la ratification en 2006 de la CCLAT.