Ils ont été mobilisés dans le cadre du dixième anniversaire de l’exposition « Cameroun, une vision contemporaine », organisée par le bureau de la Banque mondiale au Cameroun, en partenariat avec le ministère des Arts et de la Culture.
Ils étaient au total trente, les artistes plasticiens camerounais que le grand public a découvert ou redécouvert au Musée national de Yaoundé le jeudi 20 juin 2019, lors du vernissage de l’exposition d’art contemporain initiée par la Banque mondiale. Bernard Ajard, Gabrielle Badjeck, Moustapha Baïdi, Bili Bidjocka et leurs confrères, se sont donnés en spectacle pour présenter les vertus et les qualités particulières de leurs œuvres.
Le premier fait marquant de cette cérémonie solennelle de vernissage présidée par le ministre Bidoung Kwpatt, c’est l’âge des exposants. Il y avait aussi bien du vieux que du neuf, avec des âges oscillant entre 22 et 69 ans. Un choix qui ne s’est pas fait au hasard. Selon Simon Njami, commissaire de l’exposition, si « aujourd’hui est un ancien demain et un futur hier » comme le soutient la philosophie, il est aussi certain que « aujourd’hui, c’est penser l’avenir ». En d’autres termes, c’est de l’avenir qu’il s’agit dans cette exposition : présenter le professionnalisme des artistes expérimentés, mais partants ; tout en donnant la parole aux 22-23 ans, qui ne sont pas pour autant moins talentueux, mais dont le savoir-faire reste encore à peaufiner et à découvrir par le plus grand nombre.
Parmi les jeunes talents, Aurelie Djiéna, 26 ans, s’est penchée sur le thème de l’unité nationale fragilisée au pays. Le Cameroun, longtemps présenté avec fierté comme un havre de paix, traverse une période complexe caractérisée par les forfaits de la secte islamique Boko Haram dans le septentrion, la crise sociopolitique et sécuritaire dans la zone anglophone, le tribalisme grandissant sur l’ensemble du triangle national. Comment sortir de cet imbroglio ? Les œuvres de cette jeune artiste invitent à s’interroger sur les actions à mener pour parvenir à une issue pacifique.
Dans son allocution pour la circonstance, le ministre des Arts et de la Culture a émis le vœu de voir de telles initiatives s’intensifier pour que la culture camerounaise prenne de l’envol. Bidoung Kwpatt pense que la culture est un élément qui rassemble, et peut même être la clef de sortie face aux problèmes qui minent le Cameroun. Il a par ailleurs encouragé la grande implication de la jeunesse. « Il faut former les jeunes générations à l’art, à la beauté », a-t-il souligné. Il a aussi ajouté que « dans un monde marqué par la recherche effrénée du profit, il y a d’autres accomplissements que ceux purement matériels. Il y a l’épanouissement d’accéder à la création, le plaisir de lire, de peindre, de photographier, de danser ou celui de jouer simplement d’un instrument de musique ».
La directrice des opérations de la Banque mondiale s’est dite satisfaite du succès de l’événement. Parallèlement à sa mission traditionnelle consistant à éradiquer la pauvreté et à promouvoir la prospérité, l’institution a mis en place en 2006 un programme d’art en vue de valoriser le travail des artistes plasticiens camerounais. En attendant la prochaine édition prévue en 2020, le public est invité, jusqu’au 20 septembre, à passer au Musée national pour apprécier le savoir-faire camerounais.