Allégations de financement illicite : bras de fer entre MINAT et société civile  | Crédit photo : MINAT
Allégations de financement illicite : bras de fer entre MINAT et société civile | Crédit photo : MINAT

A l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits de l’Homme le 10 décembre 2024, la société civile a rappelé que les arrêtés de suspension et d’interdiction contre les ONG sont une violation flagrante et assumée du droit à la liberté d’association. La veille, cinq organisations de la société civile ont écopé de trois mois de suspension. Parmi ces organisations non gouvernementales, figure en bonne place le RHEDAC.

Les motifs de ladite suspension ont été évoqués par le ministre de l'Admistration territoriale au cours d'un point de presse qu'il donnait à  Yaoundé ce même 10 décembre 2024.  Selon le MINAT, les organisations suspendues ont reçu une somme de plus de 16 milliards de FCFA en un temps record. Il parle donc de financement illicite et exorbitant  en inadéquation avec le profil de l'activité.  Des déclarations formellement rejetées par ces organisations, lesquelles exigent des preuves. « D'abord, il ne précise à aucun moment ce que chaque association a perçu sur les 16 milliards. En plus, c'est sa parole seule qui prévaut. Les associations suspendues n'ont été auditionnées à  aucun moment, ni par l'ANIF [Agence nationale d’investigation financière, ndlr], ni par le tribunal. Le principe du contradictoire n'a pas été respecté », déplore Cyrille Rolande Bechon (Nouveaux droits de l’Homme - Cameroun) qui constate malheureusement que le MINAT voudrait se positionner comme COBAC pour déclarer « de manière péremptoire que les activités du RHEDAC sont de nature à porter atteinte à l'intégrité du système financier national ».

Pour  la société civile, l'attitude du MINAT trahit simplement une volonté manifeste de limiter les libertés constitutionnelles chèrement acquises et de créer les règles contraires aux lois de la République. Le coordonnateur national de la société civile pour la démocratie était entouré pour la circonstance de plusieurs autres leaders parmi lesquels Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de Nouveaux droits de l'homme, et Philippe Nanga de l'ONG Un Monde avenir. Les membres de la société civile exigent la levée immédiate des mesures prises le gouvernement, car elles « n'honorent pas le processus démocratique » souvent brandi par les autorités de la République  comme un atout majeur de notre pays. La société civile a déjà enregistré une soixantaine de signataires de la déclaration publique appelant à la levée de ces mesures qui divisent l'opinion nationale et internationale.

Lors de sa conférence de presse, Atanga Nji a précisé que la démarche du gouvernement « vise à lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme » et que c'est pour cette raison que « les associations doivent présenter obligatoirement les rapports d'activités annuelles ainsi qu'un rapport financier ». Le ministre a par la suite précisé que les associations camerounaises ne sont pas autorisées par les textes en vigueur à percevoir un financement de plus de 500.000 FCFA, et que « tout financement d'un million doit être déclaré au MINAT ». Il ressort de la rencontre avec les hommes et femmes et média que toutes les associations exerçant au Cameroun ont jusqu'au 30 janvier 2025 pour soumettre un rapport d'activités et financier au MINAT. Le délai est désormais connu.

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